C’est une passation de pouvoir qui sonne comme la fin d’une ère, d’un idéalisme. Comme un calque de la situation diplomatique tendue, la KHL plonge maintenant dans une phase d’introspection.

A l’unanimité, Dmitri Chernyshenko, chef du comité d’organisation des Jeux olympiques de Sotchi, lui succède. La nomination de Chernyshenko n’a rien du hasard. Car, malgré les chantiers dantesques entrepris sans aucune réflexion environnementale, via des marchés corrompus, les derniers J.O. d’hiver demeurent une réussite. La vitrine a brillé comme le voulait Vladimir Poutine et Chernyshenko a récolté les lauriers de ce succès.
Dans un contexte de froid à l’international vis à vis de l’Occident, le chef d’État aurait vu d’un mauvais œil l’expansion d’un championnat russe aux quatre coins de l’Europe. C’est pourquoi la vision Medvedev dérangeait et que Chernyshenko, proche de Poutine, a été propulsé sur la scène. Chernyshenko avait récemment rejoint Volga Group, une société d’investissements dont l’actionnaire majoritaire est… Gennadi Timchenko, milliardaire président du SKA Saint-Péterbourg, co-propriétaire des Jokerit d’Helsinki, président du conseil d’administration de la KHL, bon ami de Vladimir Poutine et de Vladislav Tretiak, le président de la fédération.
Le dernier Tournoi Karjala en Finlande, sans trêve de la KHL, fut mal vécu. Vladimir Poutine affectionne particulièrement la sélection nationale et une autre bonne connaissance, Roman Rotenberg, a obtenu le poste de vice-président de la fédération russe de hockey. La manœuvre est stratégique puisque Rotenberg sera affecté aux relations entre la fédération et la KHL. Mais la couleur a été annoncée d’emblée : l’équipe de Russie sera la priorité. Comprenez que c’est tout le hockey russe qui est conditionné dans l’intérêt du pays et de son éclat.
A cela s’ajoute la chute du rouble que n’a pu endiguer la banque nationale et qui n’a pas fini d’agacer les joueurs étrangers. Cela pourrait d’ailleurs les refroidir davantage et privilégier d’autres destinations. On pense notamment à la Suisse qui a connu un important afflux de Scandinaves ces dernières années.
La KHL est donc désormais soumise aux intérêts de la Russie, dont le goût pour la tradition de Monsieur Poutine. C’est pourquoi le plan a radicalement changé. Si l’on annonce que certains clubs européens prestigieux auraient leur place en KHL, les clubs russes empreints justement de tradition seront privilégiés. 
Certains clubs étrangers, pas forcément au mieux financièrement, ont du souci à se faire. On sait que ceux-ci sont particulièrement dépendants des juteux financements russes, ce qui avait par exemple coulé le Lev Prague dont le retour semble compromis. Sauf que ces financements n’auront bientôt plus rien de juteux. Le Dinamo Riga, pas forcément soutenu par le gouvernement letton et qui demeure en vie grâce à une filiale de Rosneft – Itera – et le Slovan Bratislava, dont la situation économique inquiétait son directeur général Maroš Krajci, vont difficilement garder leur place.
Dès la nomination de Chernyshenko, des rumeurs concernant le Medvešcak Zagreb annonçaient un départ dès l’année prochaine. Le nouveau président de la ligue n’est apparemment pas très intéressé par la localisation de ce marché, surtout que le sponsor numéro 1 est Sogaz, assureur victime des sanctions américaines en août et soutenu finalement par une filiale de Gazprom, venu prendre 16% des parts. Les rumeurs d’exclusion de l’équipe croate ont finalement été éteintes par le président zagrébois Damir Gojanovic, rappelant que la coopération avec la KHL court jusqu’en 2016. L’influent président du Dynamo Moscou Arkady Rotenberg a même émis le souhait que la KHL garde le Slovan et le Medvešcak. Mais ces belles paroles vont-elles suffire ?
Qu’en sera-t-il de l’Atlant Mytishchi ? On dit le club au bord de la faillite, l’homme d’affaires Anton Zingarevich est sur le départ et certaines vedettes devraient quitter la banlieue de Moscou dans les semaines / mois à venir. Pourtant, Roman Teryshkov, Ministre des Sports de la région de Moscou, a promis que le club honorerait ses dettes. Le fameux traitement de faveur pour les clubs de Moscou ?
Dès lors que les Jokerit ont rejoint la KHL, on pouvait penser que l’équipe d’Helsinki n’était qu’une porte avant d’autres manœuvres. Aujourd’hui, ce n’est plus la même chanson, la Ligue Continentale n’ayant tout simplement plus les moyens de ses ambitions. L’avenir du circuit, son orientation et sa place dans le hockey mondial soulève de nombreuses interrogations. Qu’il est loin, le rêve d’Aleksandr Medvedev…








































