
Un attachement renforcé par la place importante que le club se fait une fierté de laisser aux joueurs locaux. Le centre international Aleksandr Svitov a été remplacé par un joueur formé au club, Dmitri Makarov, qui avait été envoyé en équipe réserve en 2006/07 mais a prouvé sa valeur depuis à Nijnekamsk et à Nijni Novgorod. Il revient avec un tout autre statut, assistant-capitaine.
L’effectif est très stable, puisque les neuf meilleurs marqueurs et les deux meilleurs défenseurs défensifs – Brent Sopel (36 ans) et Vitali Proshkin (37 ans) – ont tous été conservés. Les principaux changements concernent les lignes arrières avec le départ des champions du monde 2009 (Vitali Atyushov) et 2010 (Miroslav Blatak). Ils ont été remplacés par le passeur-relanceur Ivan Vishnevsky et le gros lancer d’Anton Babchuk, faisant de ce dernier son « joker hors masse salariale » car Ufa est proche du plafond. Babchuk le mérite-t-il vraiment après deux années chez les Calgary Flames polluées par les blessures et une carrière plutôt inconstante ?
Ce sont surtout des joueurs étrangers qui ont déçu en ce début de saison. Le talentueux mais indolent Slovaque Stefan Ruzicka a été envoyé en équipe-ferme au Toros Neftekamsk. Quant au gardien finlandais Iiro Tarkki, pourtant titulaire toute la saison dernière, on s’est séparé de lui au bout d’un mois. Le club bashkire annonce maintenant donner sa chance à Andrei Vassilievsky (19 ans), une opportunité rare pour un gardien de cet âge en Russie. Vassilievsky, qui reste couvert par Aleksei Volkov puisqu’Ufa avait trois gardiens, saisira-t-il cette chance unique, à rebrousse-poil des coutumes russes ?

Mais Karamnov n’est-il pas en train de rééditer les mêmes erreurs ? Il a clamé haut et fort que Sergei Kostsitsyn était un des joueurs de NHL au meilleur rapport qualité/prix pendant le lock-out. Il s’est donc appliqué à ce que le Biélorusse se défausse de son contrat avec Nashville et à le faire signer pour trois ans. Mais depuis que Kostsitsyn a obtenu cette assurance à long terme, il semble faire moins d’erreurs et être atteint de la léthargie contagieuse de ses coéquipiers.
Karamnov n’a guère d’excuses car il a obtenu toutes les recrues voulues, sauf Svitov et le jeune défenseur international Zaitsev, financièrement inaccessibles. Certes, la région a réduit son soutien, mais le club compte toujours sur Gazprom et est sponsorisé par la société locale Mostovik, qui a obtenu le contrat certainement juteux de la patinoire de hockey des Jeux olympiques de Sotchi, les plus chers de l’histoire. Autant dire que l’Avangard est toujours un « oligarque » de la KHL.
La dernière place à laquelle il est tombée début octobre, à égalité avec Novokuznetsk, était donc impardonnable. La série de neuf défaites consécutives – 3 avec Petri Matikainen rapidement viré et 6 avec le nouvel entraîneur tchèque Milos Riha – est du jamais vu pour un cador de la KHL. Le (nouveau) bouc émissaire : le gardien Teemu Lassila, critiqué pour des bourdes dès la pré-saison, n’a pas su remplacer son compatriote Karri Rämö, parti aux Calgary Flames pour tenter de succéder à un autre Finlandais (Miikka Kiprusoff). Mais bien que les oreilles du gardien sifflassent, l’Avangard était incapable d’en dénicher un autre, les pistes n’aboutissant pas (la rumeur José Théodore par exemple).
Finalement, Omsk a engagé carrément deux gardiens d’expérience, le vétéran de NHL Mathieu Garon et l’ex-international biélorusse Andrei Mezin. Riha a aussi commencé à s’énerver en retirant le capitanat à Frolov pour le donner au défenseur Denis Kulyash, seule recrue satisfaisante. Tomas Zaborsky, meilleur marqueur mais avec une fiche de -10, a enfin été échangé… contre Stefan Ruzicka, le banni d’Ufa. L’Avangard va-t-il enfin se remettre ainsi en ordre de marche ?

Le club du Kazakshtan a confié son destin à un entraîneur finlandais : Ari-Pekka Selin, 50 ans, a signé pour deux ans, et compte parmi ses adjoints la légende vivante du hockey finlandais, l’homme aux six participations olympiques Raimo Helminen.
On aurait pu penser que le Barys pâtirait du départ à Nijni Novgorod de l’attaquant Vadim Krasnobolotsev, mais les autres internationaux se comportent de mieux en mieux et semblent bénéficier de leur temps de jeu pour progresser : attention, le Kazakhstan pourrait revenir plus fort dans l’élite mondiale en mai prochain. On a même eu droit à une surprise début août avec le retour définitif de Nikolaï Antropov, le seul joueur de NHL du pays et son gabarit de déménageur.
La ligne nord-américaine Nigel Dawes – Dustin Boyd – Brandon Bochenski est restée, mais la très bonne surprise est la recrue Mike Lundin. Cet ancien défenseur de Tampa Bay a très peu joué depuis deux ans à Minnesota et Ottawa en raison d’un grand chelem de blessures (dos, « bas du corps », doigt cassé puis commotion cérébrale). Son patinage et sa vision du jeu rendent cependant cet Américain très pertinent sur grande glace.

Faute d’avoir des cadres locaux de niveau suffisant, le Sibir est extrêmement dépendant de ses joueurs étrangers. C’est une gageure d’avoir pu garder les deux attaquants finlandais Jori Lehterä et Jonas Enlund, qui marquent deux fois plus de points que leurs coéquipiers. Le défenseur letton a été mis de côté (réengagé par Ufa) afin d’engager un troisième attaquant finlandais, Jarmo Koskiranta, un joueur assez doué techniquement.
Mais il y a un joueur qu’il était impossible de retenir, car il a presque doublé son salaire en allant au Spartak Moscou : le gardien canadien Jeff Glass. La deuxième meilleure défense de la conférence est, c’était lui ! Comment lui succéder ?
Le gardien slovaque Julius Hudacek a essayé, mais il n’a tenu qu’un match de championnat avant de prendre la porte, remplacé par… un Finlandais de plus ! Avec ses deux mètres, Mikko Koskinen a de quoi occuper la place vacante.

Le nouveau club a suivi la logique de « conquête du marché asiatique » en sélectionnant un Japonais et un Coréen à la draft KHL. Cela relève plus du marketing, car on sait que cette « draft » ne sert quasiment à rien et est très peu prise au sérieux. Le club a néanmoins déclaré envisager d’inviter ces deux joueurs un de ces jours pour voir à quoi ils ressemblent.
Deux autres scrutins étaient plus cruciaux. D’abord, le choix du nom. On a fait voter la population locale, attirée par le thème maritime. « Admiral » a recueilli les suffrages devant Kosatki (orque) et Forpost (poste avancé). Ensuite, la draft d’expansion organisée spécialement pour la nouvelle franchise, à la façon NHL, car elle ne s’appuie sur aucune structure pré-existante locale. Des joueurs comme Zherdev et Frolov n’avaient pas été protégés, et beaucoup se demandaient s’ils iraient de bonne grâce au bout du monde. La question ne s’est pas posée. L’Admiral n’a pas retenu ces gros salaires et a préféré piocher des joueurs vis-à-vis desquels il avait des arguments : Sergei Barbashev, un vice-champion du monde junior qui jouait peu dans son club formateur (le CSKA), pourra se développer ; Enver Lisin, toujours utilisé en troisième ligne en NHL puis à Magnitogorsk, tient une chance d’être le meneur offensif.
L’Admiral a aussi repêché des Suédois pas forcément très en vue à leur première saison de KHL, Richard Gynge et Niclas Bergfors. Il faut préciser qu’il s’est vu accorder un autre privilège, celui de jouer à 7 étrangers au lieu de 5. Le plus inattendu est Felix Schütz, premier joueur formé en Allemagne à jouer en KHL, qui a même plus de responsabilités qu’il n’en avait à Cologne.
L’effectif est essentiellement composé de joueurs qui n’ont jamais joué en KHL, venus de junior, de réserves, voire revenus d’un rêve nord-américain un peu éventé (l’ailier de 100 kilos Evgeni Grachyov, qui n’aura joué que 34 fois en NHL). De ce fait, l’entraîneur Hannu Jortikka dispose d’une équipe motivée par le défi, à condition que les jeunes ne soient pas rebutés par sa sévérité à leur égard.

En plus, l’Amur, lui, n’a aucune dérogation : il doit jouer avec 5 étrangers « comme tout le monde », et en consomme déjà trois pour sa base arrière : le gardien finlandais Mika Järvinen (en tandem équilibré avec le gardien formé au club Aleksei Murygin) et les défenseurs américains Dylan Reese et Brian Salcido.
Il ne reste donc plus que deux places devant. L’un est bien connu. Jakub Petruzalek, devenu champion KHL après avoir été échangé en janvier au Dynamo mais qui a été rendu à l’expéditeur. Il passera donc sa troisième saison en Extrême-Orient, ce qui correspondra à six semaines entières de sa vie passés dans l’avion. L’autre est nouveau. Jan Mursak, qui s’est blessé à la cheville puis à l’épaule lorsque les deux dernières saisons des Detroit Red Wings commençaient, s’est lancé un nouveau défi en signant pour deux ans à Khabarovsk, où sa vitesse pourrait faire fureur. On le reverra aussi plus souvent en équipe de Slovénie.

Tous les gens au fait de la KHL connaissent la situation financière du club, et pour beaucoup, il s’agit donc d’un choix par défaut. L’ancien capitaine Aleksei Kosourov est revenu après une saison vite avortée chez le rival Khabarovsk et terminée un cran plus bas en VHL. Ses deux assistants, les défenseurs Raymond Giroux et Aleksandr Aksyonenko, n’ont joué qu’une poignée de rencontres l’an passé et ne pouvaient sans doute pas signer ailleurs.
On imagine Aleksandr Kitov plein de bonne volonté à l’idée de débuter comme entraîneur en chef en KHL. Il a eu le temps de sourire pendant deux victoires inaugurales… avant neuf défaites d’affilée. Le malheureux s’est déjà fait virer, remplacé par son adjoint German Titov. On souhaite bon courage au champion du monde 1993…
Ici, au moins on ne reprochera rien au gardien finlandais, car Niko Hovinen tient la baraque. Les deux internationaux finlandais, le centre géant Marko Anttila et le défenseur Tuukka Mäntylä, constituent même un peu la seule chance du Metallurg.





































