Au pied du mur…
Pour la deuxième fois de son histoire, l’ICE s’est hissée dans le dernier carré d’une Coupe nationale. Mais contrairement à cette folle soirée de janvier 2007 (qui avait vu les Dauphins terrasser Briançon en prolongation pour s’ouvrir les portes de Bercy), il faudra plus qu’une simple victoire pour que le rêve de Méribel devienne réalité. À moins, bien sûr, que les Gamyo ne fasse voler en éclats la meilleure défense du championnat… comme ils le firent au tour précédent, en écrasant (9-2) les hommes de Réal Paiement !

Nous n’en sommes pas encore là. Le premier volet de cette « trilogie », disputé à Poissompré, voit les Gamyo retrouver une patinoire brièvement transformée en « pataugeoire » lundi dernier (une énième panne de compresseur étant venu jouer les éléments perturbateurs). Un retour qu’ils espèrent gagnant, après une semaine passée dans le grand Ouest. Les Spinaliens ont profité d’un déplacement à Caen (où ils se qualifièrent dans les tous derniers instants) pour s’établir à Rennes avant d’aller défier les Albatros à Brest. Ce voyage breton restera néanmoins empreint de frustration : les hommes de Philippe Bozon, dans l’incapacité de convertir leurs occasions et de concrétiser leur domination, s’étant finalement inclinés en prolongation (2-3 a.p.)…
Ce manque de réalisme et d’efficacité, récurrent ces derniers temps, contraste avec l’insolente réussite des Isérois, qui viennent de terrasser les coriaces Rapaces de Luciano Basile (4-2) pour signer une dixième victoire d’affilée en championnat. Les coéquipiers de Stéphane Gervais volent donc de victoires en succès et font preuve d’une grande solidité, bien aidés il est vrai par la bonne tenue de Michal Zajkowski devant le filet. Mais qu’en serait-il sans le coaching de Richard Martel, meneur d’hommes réputé au caractère bien trempé venu transformer Grenoble en véritable machine à gagner ?
Force 
Logiquement érigé au rang de star du championnat français, cet ailier chevronné pourrait être le prochain capitaine grenoblois à brandir cette Coupe de la Ligue ayant si souvent réussi aux partenaires de Christophe Tartari (qui a déjà soulevé trois fois ce trophée en 2007, 2008 et 2010). Une coupe que Matthieu Le Blond et Maxime Moisand ont eux aussi remporté il y a quatre ans, lorsqu’ils défendaient encore les couleurs de leur club formateur…
La parole à la défense…
Grenoble n’a depuis plus rien gagné. Pas une coupe, pas un trophée. Mais cela va sûrement changer. Ces Brûleurs-là n’ont plus rien à voir avec ceux revenus battus de leurs trois derniers voyages dans la Cité des Images… et restant sur quatre défaites d’affilée à Poissompré ! Pour preuve, les BDL version Martel (pourtant privés de Mitja Šivic blessé à la cuisse) ont rapidement réagi sitôt l’ouverture du score d’Épinal en supériorité, égalisant avant de prendre les devants à la fin du premiers tiers-temps… pour ensuite basculer dans la défense à outrance pour gérer cette avance à leur convenance ! Mais les visiteurs (qui n’ont pas eu de véritable pause ce mois-ci) avaient-ils les moyens physiques de procéder autrement ?
Quoi qu’il en soit, leur capacité à tenir un score s’est donc encore vérifiée, notamment lors d’une dernière période exclusivement passée à « bétonner ». Les Brûleurs de Loups ont tenu bon jusqu’au bout, bien regroupés devant leur solide gardien pour inlassablement repousser leur assaillant. Des Gamyo ayant cruellement manqué de précision et d’efficacité. Voire parfois de lucidité.
Entre deux équipes soucieuses de ne pas trop se découvrir, l’entame de match se réduit à un long round d’observation marqué, ça et là, par quelques incursions ciblées. Stéphane Gervais, parti remonter le palet, l’envoie au fond à destination du remuant Jordann Perret, qui s’en empare pour tirer en angle fermé (02’57 »). Pas de quoi surprendre Hočevar, tout aussi vigilant qu’un Zajkowski détournant une frappe excentrée de Valier (03’58 ») avant de parer, du bouclier, la tentative d’un Kuralt parvenu à s’infiltrer (04’40 »).
Il faudra attendre la toute première pénalité de la soirée pour voir les choses se décanter. Pierre-Luc Lessard, coupable de s’être écroulé sur Ján Plch (06’49 »), assiste, impuissant, à l’ouverture du score des Gamyo. Le jeu de puissance, rapidement installé, fait tourner jusqu’à ce qu’Hordelalay ne décale Beron à la pointe. L’ex-Amiénois tire sur réception pour expédier la rondelle, côté mitaine, sous la barre d’un Zajkowski resté pantois (1-0 à 07’13 »).
Réu
Mais à trop mettre de puissance dans ses lancers, le « sniper » (que Poissompré aime désormais détester) voit trop souvent le cadre se dérober. Hué dès qu’il touche le palet, Danick Bouchard verra toutefois son abatage déboucher sur un temps fort ponctué par un bel arrêt de la mitaine d’Andrej Hočevar sur un tir tendu à mi-hauteur de Toby Lafrance (08’40 »).
Il suffit d’un palet mal dégagé du revers par Félix Petit, sous pression dans sa zone, pour qu’Anže Kuralt se procure une bonne occasion. Le Slovène repique vers la cage et tire malgré l’opposition de Lessard (09’19 »), qui parvient toutefois à écarter le danger. Une menace qui se précise ensuite dans le camp spinalien avec l’incarcération de Leonelli, puni pour avoir déséquilibré Simmoneau (10’12 »).
Une pénalité permettant au jeu de puissance isérois de s’installer, avec Lafrance et Tartari chargé de servir les shooteurs à mi-distance (Jalbert, Gervais… et Bouchard, évidemment toujours prêt à dégainer !). Et si le slap de Dominic Jalbert sera détourné (10’31 »), le tir balayé d’Éric Chouinard se verra dévié par Yorick Treille dans le haut du filet (1-1 à 11’55 »)… quelques secondes seulement après que Sam Roberts aura expédié la rondelle sous la barre d’Andrej Hočevar (le palet étant aussitôt ressorti, 11’50 »).

Les Spinaliens, s’ils vont toujours de l’avant, peinent à franchir ce premier rideau. Et lorsqu’ils y parviennent, ils ne peuvent en profiter, comme sur cette incursion de Petrák, poke-checké en entrée de zone par Roberts. Un puck aussitôt récupéré par Félix Petit, qui le transmet à sa droite sur Éric Chouinard. L’ex-NHLer, en véritable « tour de contrôle », renversant le jeu sur Gustafsson, qui remet dans l’axe pour Petit. Le centre québécois franchissant la ligne bleue avant de s’empaler sur Kloz… non sans avoir préalablement libéré son palet ! Chouinard, sitôt servi, profitant du décalage pour finalement trouver Gustafsson, démarqué, qui contrôle pour marquer du revers (1-2 à 16’55 »).

Un coup d’assommoir pour les Gamyo, qui ne déméritent pas mais peinent à prendre la mesure d’un adversaire rigoureux, très bien organisé et visiblement passé maître dans l’art de gagner sans trop se livrer. Une impression confirmée durant cet acte médian voyant rapidement Vojtech Kloz rejoindre le banc d’infamie. Le colosse tchèque, pris de vitesse par Hampus Gustafsson, fait trébucher le vif ailier suédois (21’41 »). Le jeu de puissance isérois ne manque pas de se montrer dangereux à l’image de cette frappe en pivot de Toby Lafrance (22’09) ou de cette tentative de Sam Roberts, bien parée du bouclier (22’30 »).
Ce sont pourtant les Spinaliens qui se procurent la meilleure occasion, bien aidés il est vrai par un énorme raté d’Hampus Gustafsson à la bleue. Le joueur né et formé à Malmö loupe le palet (au moment de servir Chouinard à la pointe), qui ressort de la zone offensive. Une rondelle que le rapide Nicolas Leonelli s’avère être le plus prompt à récupérer. L’ailier suisse, poursuivant son accélération, finit par décaler Matthieu Le Blond au second poteau… qui ne peut cadrer (22’50 »).
Le powerplay grenoblois, de retour aux affaires, va ensuite s’installer en zone offensive sous l’impulsion de Toby Lafrance. Il suffit toutefois d’une passe renversée mal réceptionnée par Bouchard pour que Valier s’en empare. L’ex-Dijonnais, en voulant s’échapper, laisse néanmoins le palet filer que Dominic Jalbert, en couverture, doit récupérer. Seulement voilà, le défenseur canadien ne fait pas mieux que l’ailier spinalien, qui en profite pour s’en aller défier Zajkowski en angle très fermé (23’34 »).
Loin de s’avouer vaincus, les Spinaliens, qui cherchent à faire vivre la rondelle en zone offensive, tentent inlassablement de se projeter vers l’avant. Mais rien n’y fait. La passe aveugle en entrée de zone de Ján Plch permet néanmoins à Ken Ograjenšek de faire parler ses poignets, sans grand danger pour Michal Zajkowski (qui repousse de la jambière droite, 25’56 »). Une transmission mal assurée de Petrák pour Moisand profite à ce diable de Chouinard, qui ne manque pas de filer côté droit pour aller défier le gardien en un-contre-un. Un break inexploité par l’ex-NHLer, qui ne peut que tirer sur Hočevar (25’41 »). Le rebond « gros » étant dégagé, in extremis, par Vojtěch Kloz…

Une faute de Moisand sur Gustafsson (33’25 ») offre de nouvelles possibilités au jeu de puissance isérois. Mais le box-play vosgien ne le laisse pas s’exprimer et tue cette pénalité. Sans Nicolas Favarin pour écarter un « chaud » rebond, le débordement de Grégory Beron aurait même pu s’avérer payant (35’54 »). Seulement voilà, les minutes défilent jusqu’au terme d’un acte médian laissant augurer une fin de match très fermée. Une impression rapidement confirmée. L’ICE, privée de solution, bute invariablement sur des visiteurs bien regroupés et serrant efficacement les rangs. Stéphane Gervais, en déséquilibrant Michal Petrák au retour des vestiaires (40’35 »), a pourtant compliqué la tâche de ses coéquipiers. Mais le powerplay vosgien, toujours aussi poussif, accumule les ratés…
Ne manquant pas une occasion de contre-attaquer, les Dauphinois jouent sur la vitesse de leurs individualités. Du « bleuet » Jordann Perret à Danick Bouchard, le « pestiféré » de Poissompré, sans oublier Hampus Gustafsson et Félix Petit (dont la tentative, en bout de course, est difficilement détournée, 44’53 »), souvent mis sur d’excellents rails par un Éric Chouinard omniprésent. À l’image d’attaquants participant très activement à l’effort collectif, faisant preuve d’abnégation et d’un grand dévouement pour apporter leur pierre à un solide édifice défensif.
La troupe de Richard Martel serre donc efficacement les ran
Les Gamyo, à n’en pas douter, vendront chèrement leur peau à Pôle Sud mardi prochain. Mais contre un adversaire aussi bien organisé, il leur faudra se sublimer. Et surtout faire preuve d’efficacité…
Réactions d’après-match (dans Vosges Matin)
Philippe Bozon (entraîneur d’Épinal) : « On a été deux fois en retard sur l’échec avant au premier tiers et cela nous a coûté cher, avec deux buts. Ensuite, on a fait tout ce qu’il fallait pour revenir mais on n’a pas su concrétiser et Grenoble n’a pas créé grand-chose ensuite. Je n’ai pas été surpris par Grenoble qui est l’équipe qui défend le mieux en France avec un très bon gardien. On aurait peut-être pu mettre plus de pucks à la cage. C’était aussi important de ne pas prendre un troisième but de retard. »
Toby Lafrance (attaquant de Grenoble) : « Si on nous avait dit que nous repartirions d’Épinal avec deux buts, nous aurions dit oui tout de suite. On a fait un match solide mais on a encore beaucoup de trucs à améliorer dans notre jeu. Au troisième tiers, on a beaucoup défendu mais ce n’est forcément ce que l’on voulait faire. On a joué en équipe en faisant tous les sacrifices que l’on doit faire pour gagner des matchs. Maintenant, il n’y a rien de fait car Épinal est une très bonne équipe très bien coachée. Et je suis très bien placé pour le savoir. »
Épinal – Grenoble 1-3 (1-3, 0-0, 0-0)
Mardi 25 novembre à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 1 450 spectateurs.
Arbitrage de Savice Fabre assisté de Yann Furet et David Courgeon.
Pénalités : Épinal 6′ (2′, 4′, 0′) ; Grenoble 10′ (2, 4′, 4′).
Tirs : Épinal 29 (8, 11, 10) ; Grenoble 20 (9, 9, 2).
Évolution du score :
1-0 à 07’13 » : Beron assisté d’Hordelalay et Kara (sup. num.)
1-1 à 11’55 » : Treille assisté de Chouinard et Roberts (sup. num.)
1-2 à 16’55 » : Gustafsson assisté de Chouinard et Petit
1-3 à 18’42 » : Petit assisté de Chouinard
Épinal
Gardien : Andrej Hočevar.
Défenseurs : Maxime Ouimet (C) – Alain Goulet ; Vojtěch Kloz (-2) – Maxime Moisand (-1) ; Aziz Baazzi – Gašper Sušanj (-1) ; Martin Charpentier.
Attaquants : Anže Kuralt (-1) – Michal Petrák (-1) – Ján Plch (A, -1) ; Vincent Kara (-1) – Matthieu Le Blond (-1) – Peter Valier ; Ken Ograjenšek – Grégory Beron – Nicolas Leonelli ; Pierre-Charles Hordelalay – Yannick Offret (A) – Anthony Rapenne.
Remplaçants : Pierre Mauffrey (G), Maxime Martin. Absents : Peter Slovák et Nathan Ganz (surnuméraires).
Grenoble
Gardien : Michal Zajkowski.
Défenseurs : Dominic Jalbert – Stéphane Gervais ; Pierre-Luc Lessard (+1) – Sam Roberts (+2) ; Nicolas Favarin – Pierre-Antoine Simmoneau (+1).
Attaquants : Danick Bouchard – Toby Lafrance – Jordann Perret ; Hampus Gustafsson (+2) – Félix Petit (+2) – Éric Chouinard (C, +2) ; Julien Baylacq – Christophe Tartari (A) – Yorick Treille (A) ; Romain Chapuis – Aubin Lamirault – Arnaud Faure.
Remplaçants : Jimmy Darier (G), Quentin Scolari. Absent : Mitja Šivic (cuisse).










































