Un petit goût de déjà-vu…
C’est en quête d’une douzième victoire en treize matchs de championnat que le leader grenoblois retrouve Poissompré, quatre jours après s’y être imposé en Coupe de Ligue, lors des demi-finales aller (3-1). Un succès assuré par les coéquipiers de Stéphane Gervais, qui ont plus défendu qu’attaqué… allant même jusqu’à totalement fermer le jeu une fois l’écart creusé !

Un mal-être offensif amplifié par l’inefficacité d’un powerplay ayant fort à faire pour déjouer cette défense de fer érigée devant un solide gardien aux nerfs d’acier. Le Suédois Michal Zajkowski, trouvaille d’un Richard Martel devant toujours se passer des services de Mitja Šivic (blessé à la cuisse), le meilleur compteur des Brûleurs en championnat.
L’ailier slovène, qui a longtemps côtoyé Éric Chouinard et Félix Petit sur le premier trio dauphinois, se voit toutefois parfaitement remplacé par un jeune attaquant suédois. Hampus Gustafsson, apparu très complémentaire des deux Québécois mardi, lors du dix-huitième match sans défaite des Isérois qui s’apparentent, plus que jamais, à une invincible armada.
Une dixième victoire d’affilée en championnat, dans l’ambiance surchauffée de Poissompré, est pourtant loin d’être assurée. Les Spinaliens, réputés pour leur capacité à répondre présent dans les matchs importants, se sont fait une spécialité de déjouer les pronostics devant leur public. Des supporters toujours aussi rancuniers envers Danick Bouchard, qu’ils entendent conspuer à chaque prise de palet…. dans l’espoir de le déstabiliser !

Prenant rapidement possession du puck, les Vosgiens démarrent pied au plancher et se font vite menaçants. Mais une première pénalité casse leur élan. Maxime Ouimet, coupable d’une obstruction sur Toby Lafrance en zone neutre (01’33 ») voit, du banc des pénalités, Grenoble inscrire le premier but de la soirée… juste après l’échappée de Peter Valier en infériorité !
L’ex-ailier dijonnais, profitant d’une récupération de ses coéquipiers, file côté droit sans parvenir à tromper Zajkowski, qui repousse de la botte et génère un rebond finalement dégagé par Jalbert (02’00 »). Un avertissement sans frais pour les Brûleurs de Loups, qui capitalisent dans la foulée. Félix Petit, sur jeu placé, trouve Yorick Treille dans l’enclave, qui dévie à sa gauche sur Sam Roberts. Le défenseur canadien, en embuscade près du gardien, trouve l’ouverture d’un joli revers côté fermé (0-1 à 02’34 »).
De quoi mettre en joie la vingtaine de supporters grenoblois, armés de leurs tambours et de leur porte-voix. Mais à l’ivresse succéderont bientôt les frissons. Si la charge de Jalbert dans le dos de Kara reste impunie (05’30 »), un cinglage de Gustafsson en zone offensive est lui sanctionné (06’44 »), pour le plus grand bonheur de Poissompré. Une patinoire pleine à craquer (avec une affluence dépassant clairement les 1500 spectateurs annoncés) et prête à s’enflammer sur cette ouverture d’Ograjenšek lançant Hordelalay en break-away. Une échappée ponctuée d’un revers destiné à finir entre les jambières du gardien, mais qui n’aura pas surpris Zajkowski. Le gardien suédois au patronyme polonais bouche parfaitement le « cinquième » trou (07’17 »)…

L’abnégation sans faille des Grenoblois, parfaitement regroupés devant leur portier, leur permet de tuer cette pénalité. Mais pas d’écarter totalement le danger. La rondelle reste en zone offensive, entre les mains d’un Nicolas Leonelli temporisant quelques instants avant de remiser sur Matthieu Le Blond à la bleue, qui tire sur réception. Un lancer lointain, très flottant, qui est dévié au fond des filets… en même que l’arbitre siffle un hors-jeu inexistant (09’37 ») !
Nullement découragés, les Spinaliens redoublent d’intensité. Le puck circule vite et bien mais rien n’y fait. L’efficacité fait cruellement défaut aux Gamyo… et tout particulièrement à Michal Petrák, venu défier le gardien en duel singulier. Une échappée mal négociée par le Tchèque, qui parvient à éliminer l’homme masqué… mais voit son revers s’envoler (13’00 »). Caramba, encore raté !
La domination des joueurs de la Cité des Images, sans partage, ne laisse que très peu d’occasions aux visiteurs de se montrer. Jordann Perret parvient cependant à lancer Toby Lafrance côté droit, pour un 2-contre-1 raté par le Canadien. L’ancien Dauphin ignore Bouchard à l’opposé pour tirer sur le gardien, bien placé (15’29 »). Une action immédiatement suivie d’une accélération permettant à Grégory Beron de provoquer un gros rebond… qu’aucun Gamyo ne sera en mesure d’exploiter (15’38 ») !

La pénalité d’Hampus Gustafsson, encore pris par la patrouille (pour une obstruction sur Hordelalay, 19’04 »), ne sera ainsi d’aucune conséquence pour ses partenaires, suffisamment soudés pour limiter l’emprise d’un powerplay il est vrai très stéréotypé, où Petrák (qui se montre infiniment décevant) n’a plus rien d’un « maître à jouer ».
Le Tchèque se fend toutefois d’une belle entrée en zone au retour des vestiaires pour trouver Kuralt. Pas de quoi tromper la vigilance de Zajkowski (20’25 »), qui sauvera la mise de ses coéquipiers en frustrant Kara (le plus prompt à exploiter le rebond de Beron, 25e).
Dominer n’est pas gagner
Reposant sur de très solides fondations, les Brûleurs de Loups savent, eux, se montrer dangereux sur leurs (très) rares incursions. Comme sur cette récupération d’Hampus Gustafsson permettant à Éric Chouinard de s’immiscer en zone offensive pour s’essayer d’un tir croisé (qu’Andrej Hočevar pare du bouclier, 21’42 ») ou encore cette percée du vif ailier suédois, illicitement avortée par Peter Valier (26’04 »).

Deux buts marqués en seulement six tirs cadrés. C’est une véritable leçon de réalisme et d’efficacité que dispensent des Grenoblois voyant subitement l’étreinte spinalienne se desserrer. Stéphane Gervais, devenu étonnement rugueux (Martel l’a-t-il incité à muscler son jeu ?), en profite pour déclencher l’un de ces lancers frappés ayant forgé sa légende à Poissompré. Un slap en hauteur bien bloqué par Hočevar (27’58 »), qui détourne ensuite la tentative de Chouinard (28’14 »). Tout étant parti d’un palet perdu par Michal Petrák, qu’Hampus Gustafsson s’est empressé de recycler en lançant l’ex-NHLer dans la profondeur malgré l’opposition de Maxime Moisand.
Sentant le match lui échapper, Philippe Bozon prend alors un temps mort (28’25 »). Des paroles aussitôt suivies de faits. Baazzi, de très loin, manque de surprendre Zajkowski (29’07 »), quelques secondes avant la première grosse échauffourée de la soirée. Si Toby Lafrance et Maxime Ouimet s’invectivent, Danick Bouchard et Yannick Offret manquent d’en arriver aux mains au pied des gradins (29’21 »), où s’est formée une belle mêlée suite au choc subi par Dominic Jalbert (heurté par Goulet). Les deux « nerveux » écopent chacun d’une sanction mineure. Alain Goulet voit lui ses deux minutes assorties d’une méconduite le confinant sur le banc pour un bon moment…

L’international slovène devra toutefois plaider coupable sur le but d’Arnaud Faure (son premier parmi l’élite du hockey français), heureux bénéficiaire d’un exploit individuel d’Éric Chouinard. L’attaquant aux 90 matchs de NHL, lancé dans une série de dribbles après avoir récupéré la rondelle, a mis la défense sans dessus-dessous pour permettre à son jeune coéquipier de faire trembler les filets d’un Hočevar qu’on a connu plus inspiré (0-3 à 33’45 »).
Qu’il soi
Grégory Beron, comme mardi, finit néanmoins par trouver la faille dans la « muraille » Zajkowski. Non pas sur cette lumineuse ouverture d’Ograjenšek l’envoyant dans le dos défense, pour finalement voir la lucarne se dérober (41’51 »). Mais plutôt en supériorité, suite à un dégagement mal assuré de Sam Roberts (qui aura envoyé la rondelle par-dessus la baie vitrée, 44’07 »). Ken Ograjenšek, de l’arrière de la cage, finit par trouver Grégory Beron, excentré au premier poteau, qui reprend de volée… et fait mouche d’un joli tir croisé (1-3 à 44’59 ») !

La cage lorraine finira toutefois par être vidée de son occupant. Mais bien trop tardivement. Et si Félix Petit expédie son tir sur la barre (59’04 »), Hampus Gustafsson parvient, pour sa part, à glisser la rondelle dans ces filets désertés (1-4 à 59’16 »). Grenoble a prolongé sa série d’invincibilité… et remporté un onzième succès d’affilée en championnat !
Épinal n’est plus d’attaque !
En décomptant les (très nombreux) tirs non cadrés ou bloqués, les Gamyo auront adressé deux fois plus de lancers que leurs visiteurs… pour trois fois moins d’efficacité ! Une constante dans le jeu spinalien, où Grégory Beron semble être devenu le seul finisseur digne de ce nom. En effet, sur ses trois dernières rencontres (par ailleurs toutes perdues), l’ICE n’a inscrit que quatre petits buts (sur 103 lancers)… et seulement converti deux de ses dix-huit dernières supériorités ! Le jeu de puissance spinalien, qui peine a créer les décalages permettant de libérer des positions de tirs aux « cannoniers » (que sont Baazzi, Beron ou Goulet), n’ayant plus aucune fluidité.
Pour gagner, pas de secret : il faut marquer. Mais l’attaque tique toujours autant chez les Gamyo, où les trois breaks ratés (par Petrák, Beron et Hordelalay) ont lourdement pesé dans la balance.
Ce soir pourtant, les h
Michal Zajkowski bénéficie, il est vrai, d’un total soutien de ses coéquipiers, qui adhèrent visiblement à cette conception plutôt défensive du jeu (basée sur la récupération du palet). Bien regroupés au besoin et ne reculant devant rien pour tuer les pénalités, attaquants et défenseurs grenoblois font en effet preuve d’un grand dévouement, n’hésitant jamais à se « sacrifier ». Et si ces BDL version Martel, qui reposent sur de solides fondations, dégagent une forte impression de solidité, ils disposent en Éric Chouinard d’un leader, d’un patron. D’une forte individualité capable de faire la différence sur une action…
Réactions d’après-match (dans Vosges Matin) :
Philippe Bozon (entraîneur d’Épinal) : « C’est certain que le scenario est identique à celui de mardi mais je trouve que l’on a fait encore un meilleur match en mettant beaucoup d’intensité. On ne peut pas nous reprocher de ne pas avoir essayé et les gars se sont battus jusqu’au bout. À 3-1, j’y ai cru. On est dans une période où on manque d’efficacité et on doit trouver des solutions pour marquer. C’est comme ça. Je ne suis pas sûr non plus que le but refusé soit anodin. »
Éric Chouinard (attaquant et capitaine de Grenoble) : « On a une bonne équipe qui est en mesure de bloquer beaucoup de shoots et de tuer toutes les pénalités. C’est une chance d’avoir vingt joueurs qui acceptent ce rôle. »
Épinal – Grenoble 1-4 (0-1, 0-2, 1-1)
Samedi 29 novembre 2014 à 18h00 à la patinoire de Poissompré. 1500 spectateurs.
Arbitrage de Nicolas Barbez assisté de Jérémy Metais et Sébastien Geoffroy.
Pénalités : Épinal 32′ (2′, 8′ + 10′, 2 ‘ + 10′) ; Grenoble 20′ (4′, 8′, 8’).
Tirs : Épinal 33 (9, 10, 14) ; Grenoble 17 (4, 9, 4).
Évolution du score :
0-1 à 02’34 » : Roberts assisté de Treille et Petit (sup. num.)
0-2 à 26’33 » : Chouinard assisté de Gustafsson et Petit (sup. num.)
0-3 à 33’45 » : Faure assisté de Chouinard
1-3 à 44’59 » : Beron assisté d’Ograjenšek et Valier (sup. num.)
1-4 à 59’16 » : Gustafsson assisté de Petit (cage vide)
Épinal
Gardien : Andrej Hočevar (sorti de sa cage à 58’51 »).
Défenseurs : Vojtěch Kloz – Maxime Moisand (-2) ; Maxime Ouimet (C, -1) – Alain Goulet ; Aziz Baazzi – Gašper Sušanj (-1) ; Martin Charpentier.
Attaquants : Anže Kuralt (-2) – Michal Petrák (-1) – Ján Plch (A, -1) ; Nicolas Leonelli – Matthieu Le Blond – Peter Valier (-1) ; Vincent Kara (-1) – Grégory Beron – Ken Ograjenšek (-1) ; Pierre-Charles Hordelalay – Yannick Offret (A) – Anthony Rapenne.
Remplaçants : Pierre Mauffrey (G), Maxime Martin. Absents : Peter Slovák et Nathan Ganz (surnuméraires).
Grenoble
Gardien : Michal Zajkowski.
Défenseurs : Pierre-Luc Lessard (+1) – Sam Roberts ; Dominic Jalbert – Stéphane Gervais (+1) ; Nicolas Favarin (+1) – Pierre-Antoine Simmoneau (+1).
Attaquants : Hampus Gustafsson (+1) – Félix Petit (+2) – Éric Chouinard (C, +2) ; Danick Bouchard – Toby Lafrance – Jordann Perret ; Julien Baylacq – Christophe Tartari (A, +1) – Yorick Treille (A) ; Romain Chapuis – Aubin Lamirault – Arnaud Faure (+1).
Remplaçants : Jimmy Darier (G), Maxime Favre-Félix, Corentin Nore. Absent : Mitja Šivic (cuisse).









































