Distante de quelques kilomètres seulement, de l’autre côté d’un pont immense, la Suède joue à quasiment à domicile dans ce Mondial. L’organisation danoise a bien ajusté les groupes afin d’être sûre de remplir la Royal Arena, et elle ne s’est pas trompée : une marée jaune occupe le premier niveau. L’ambiance sonore est à la hauteur et le favori du groupe lance son tournoi, face à une Biélorussie en reconstruction (lire la présentation du mondial).
Jeu de passes

La Suède entame la partie en confisquant le palet. Son adversaire s’applique à ne prendre aucun risque et verrouille bien l’entrée en zone. Il faut attendre quelques minutes pour voir le premier tir cadré, signé Rickard Rakell du cercle gauche. La Suède combine, mais une passe de Lindholm dans le slot échappe à son destinataire et offre un deux-contre-un aux Biélorusses. Artur Gavrus déborde et passe, mais Hellberg réalise un arrêt de haut vol devant Geoff Platt !
Malgré cette frayeur, les Suédois maîtrisent la partie, à l’aide d’une grande qualité technique et une habileté à conserver le palet dans les duels. La vitesse de patinage met à mal la défense adverse. À la huitième minute, une série de passes découpe l’arrière-garde en morceaux, mais la finition n’est pas là : trop de passes, pas assez de prise de responsabilité pour tirer. Le seul à vraiment prendre sa chance, c’est Rakell qui, sur l’action suivante, s’avance tel un équilibriste ligne de fond et se heurte à Kulbakov.
La qualité technique, le jeu de passe : deux atouts qui permettent d’ouvrir le score. Adam Larsson s’avance pour créer un surnombre, Kempe le relaie et les passes dans le dos libèrent Lias Andersson. Le prodige de 19 ans, ligne de fond, attaque la cage et ouvre le score (1-0).
Sur l’engagement, la Suède régale encore. Klingberg, monté aux avant-postes, recule vers la bleue et surprend la défense par une passe à l’opposée. Au cercle droit, Gustav Nyquist est esseulé et sa volée en hauteur double la mise (2-0).
La Tre-Kronor déroule son hockey, fait de jeu en petit périmètre, de changements brutaux de direction, et fait courir la défense adverse. Presque trop facile, elle concède finalement une pénalité pour une crosse haute de Janmark. La Biélorussie manque d’en profiter et un lancer de Linglet à la bleue file à côté. Le reste du jeu de puissance ne donne rien. Cela a toutefois un peu cassé la dynamique suédoise. Il faut quelques minutes aux quasi-locaux pour repartir vers l’avant et harceler les porteurs de palet adverses, avant de trouver des lignes de tirs, notamment par Adam Larsson. 2-0 à la pause, ce n’est pas cher payé.

La Suède contrôle
La reprise est du même calibre. Klingberg éclabousse la partie de son talent technique, mystifiant un défenseur avant d’envoyer Sharangovich en prison pour accrochage. La Suède accélère sur son jeu de puissance. Ekman-Larsson voit son tir échapper au cadre, puis Rakell slalome et se heurte au gardien. Derrière, les passes se multiplient et déplacent une défense aux abois ; les tirs, eux, manquent de précision. Mais les passes… les passes ! Zibanejad entre en zone, feinte, pivote et envoie le palet à l’opposée. Rakell attire une fausse piste et Janmark est seul pour reprendre en deuxième lame (3-0).
Les décalages sont magnifiques, et les tirs pleuvent, enfin. Erik Gustafsson, Adrian Kempe, Lias Andersson… Kulbakov est bombardé. Tout juste un tir de Sharangovich, puis un de Razvadovski pour maintenir Hellberg dans le match…
Petit à petit toutefois, la Suède tombe dans la facilité. La Biélorussie obtient alors une situation de supériorité numérique pour une faute de Kempe. Et… ne touche pourtant quasiment pas le palet, incapable de le voler aux crosses suédoises. Pavlovich n’obtient une chance que dans les derniers instants avant le retour au complet.
La Suède commence à déjouer et Rakell est puni pour un coup de crosse dans la neutre. Cette fois, la Biélorussie pose son jeu presque deux minutes entières, et décroche trois tirs de loin de Falkovski – dont un poteau. Mais Rakell revient en jeu, et vient punir les joueur de Dave Lewis. L’attaquant d’Anaheim percute dans l’axe, pose son palet et expédie un tir précis qui chasse Kulbakov du match (4-0). Karnaukhov entre en piste…
Les jaunes déroulent. Les entrées en zone sont posées, à l’image de Nyquist, qui vient délicatement lancer De la Rose : le tir est sorti de la jambière. L’attaquant de Detroit est cependant puni sur l’action suivante pour une charge contre la bande. Cela ne donne rien, et la Suède dispose d’une confortable avance de 4-0 après quarante minutes.

Une pression grandissante
La Tre-Kronor domine encore la possession du palet dès la reprise. Et quand la Biélorussie tente une timide approche, Janmark vole le disque et file en échappée, forçant Karnaukhov à un arrêt difficile. Le gardien sauve aussi devant Everberg à bout portant. Janmark, encore lui, crée des misères à la défense avec un slalom spécial, un tir repoussé, et une pénalité décrochée… Et des tirs, toujours, par Janmark, Ekman-Larsson.
Le jeu de puissance ne convertit pas, à cause du péché mignon de cette équipe : les passes. La recherche du jeu parfait, du décalage parfait, coûte sans doute des solutions concrètes. Ceci dit, à force de confisquer la rondelle et de tourner autour du but, cela finit par payer. Zibanejad n’a plus qu’à pousser au deuxième poteau un centre de Janmark dévié par le patin de Denisov (5 -0).
La fin de match est une promenade pour la Suède. Une large victoire devant ses supporters, mais un bon match de la Biélorussie, qui ne s’est jamais désunie. Bien que prise de vitesse, elle a défendu en zone, attentive, et a su aussi se créer de très bonnes occasions. La France est prévenue…
Désignés joueurs du match : Oliver Ekman-Larsson (Suède) et Aleksandr Kitarov (Biélorussie)
Commentaires d’après-match
Charles Linglet (attaquant de la Biélorussie) : « On s’est bien battu et le score de 5-0 reflète notre tempérament. On a bataillé contre une très bonne équipe mais on s’est présenté. En un contre un, ils sont difficiles à suivre, donc nous avons joué la zone, pour couper les lignes de passe et repousser en zone échec contre la bande. Mais ils ont le talent pour trouver les trous. Nous avons eu peu d’occasions, mais de bonnes. Ils ont deux monstres dans les cages, de grands gabarits qui bouchent bien. Hellberg a fait de bons arrêts, sans donner de rebond, mais nous avons eu nos chances. La France, c’est une équipe de talent égal, on les joue souvent en préparation ou au Mondial, donc on sait à quoi s’attendre. Une équipe robuste, intense, comme nous. Cette année, ils n’auront pas leurs partisans derrière eux, cela nous aidera ! »
John Klingberg (défenseur de la Suède) : « Ce n’était pas un match d’entraînement. Ils ont une bonne équipe, qui patine et nous devions marquer le premier but pour nous libérer et jouer notre jeu. C’est un bon premier match. Il faudra progresser dans le jeu de transition, la discipline et le jeu de puissance. »
Gustav Nyquist (attaquant de la Suède) : « C’était bon de rentrer dans ce tournoi, avec beaucoup de nos supporters derrière nous. Beaucoup de plaisir ! Nous avons bien joué et marqué à cinq contre cinq. Mais nous avons probablement trop cherché le jeu parfait. Nous devons jouer plus simple et envoyer plus le palet à la cage. Mais bon, nous devions apprendre à nous connaître et prendre nos chances. Les Tchèques ont une belle équipe et ce sera un bon test pour nous. Nous allons travailler cela à la vidéo pour être prêts. »

Suède – Biélorussie 5-0 (2-0, 2-0, 1-0)
Vendredi 4 mai 2018, 20h15. Royal Arena de Copenhague. 10884 spectateurs.
Arbitrage de Mikko Kaukokari (FIN) et Tobias Wehrli (SUI) assistés de Miroslav Lhotsky (TCH) et Dustin McCrank (CAN)
Pénalités : Suède 8′ (2′, 6′, 0′), Biélorussie 4′ (0′, 2′, 2′)
Tirs : Suède 36 (8, 12, 16), Biélorussie 27 (6, 12, 9)
Récapitulatif du score
1-0 à 09’17 : L. Andersson assisté de Kempe et Everberg
2-0 à 09’45 : Nyquist assisté de Klingberg et Lindholm
3-0 à 23’49 : Janmark assisté de Rakell et Zibanejad
4-0 à 33’45 : Rakell
5-0 à 56’11 : Zibanejad assisté de Janmark et Rakell
Suède
Attaquants
Mattias Janmark (2′, +3) – Mika Zibanejad (+3) – Rickard Rakell (2′, +3)
Gustav Nyquist (2′, +1) – Mikael Backlund (C, +1) – Elias Pettersson (+1)
Magnus Pääjärvi – Johan Larsson – Jacob de la Rose
Lias Andersson (+1) – Adrian Kempe (2′, +1) – Dennis Everberg (+1)
Défenseurs
Hampus Lindholm (+1) – John Klingberg (A, +2)
Oliver Ekman-Larsson (A, +3) – Adam Larsson (+3)
Erik Gustafsson (+1) – Mikael Wikstrand
Gardien :
Magnus Hellberg
Remplaçant : Anders Nilsson (G)
Belarus
Attaquants
Aleksandr Pavlovich (C, -1) – Yegor Sharangovich (2′, -2) – Charles Linglet (-1)
Artur Gavrus (-1) – Yevgeni Kovyrshin (-1) – Geoff Platt (-4)
Sergei Drozd (-2) – Aleksandr Kitarov (A, -2) – Artyom Demkov (-1)
Maksim Sushko – Aleksandr Materukhin (2′) – Pavel Razvadovski
Défenseurs
Yevgeni Lisovets (-3) – Kristian Khenkel (-2)
Dmitri Korobov (A, -1) – Stepan Falkovski (-2)
Vladimir Denisov – Pavel Vorobei
Roman Dyukov (-1) – Nikita Ustinenko (-1)
Gardiens
Ivan Kulbakov puis Mikhail Karnaukhov à 33’45
Réservistes : Vitali Trus (G), Artyom Levsha, Artyom Kisly (A)









































