Crucial : le premier tournant des Championnats du monde arrive dès la deuxième journée. La France, battue 7-0 par la Russie, et la Biélorussie, qui s’est inclinée 5-0 contre la Suède, doivent à tout prix réagir. Les deux équipes visent avant tout le maintien, dans un mini-groupe avec l’Autriche derrière les favoris. Sauf que l’Autriche a gagné un point contre la Suisse plus tôt dans l’après-midi et met donc une certaine pression.

La Biélorussie a certes pris cinq buts face à une formation suédoise ultra-rapide, mais est sortie satisfaite de sa partie. Karnaukhov a assuré dans les cages après son entrée en jeu – même si Kulbakov débute encore -, et il y a eu quelques occasions intéressantes offensivement. Une impression de défense compacte et rigoureuse, en zone, qui leur a donné confiance.
C’est tout l’inverse de la France, probablement auteur de son pire match depuis dix ans. Un manque d’impact physique, d’intensité, de patinage et de grossières erreurs défensives ont laissé les deux gardiens à la merci des buteurs russes. L’entrée de Yohann Auvitu dans le groupe suffira-t-elle a compenser un secteur défensif friable ? Les joueurs ont tous fait part de leur envie de se rattrapper. Ils l’avaient fait l’an dernier : après un match d’ouverture raté contre la Norvège, ils avaient signé l’un des plus beaux matchs de leur histoire en battant la Finlande. Cette fois, l’enjeu est encore plus important. L’échec est interdit.
La France réussit son entrée
L’entrée est prudente. La Biélorussie décoche le premier tir, par Kitarov, suite à une mauvaise relance française. Hardy sauve ce lancer dans l’axe. La France reste concentrée face à ce bon départ adverse, et place la contre-attaque au bon moment. Stéphane Da Costa récupère et lance un 2 contre 2, repique dans l’axe et sollicite la mitaine de Kulbakov. Le gardien relâche, et Fleury a bien suivi au poteau (1-0).

Un but qui donne de la confiance aux Français, soudain plus actifs vers l’avant. Stéphane Da Costa tente encore sa chance et son tir manque le cadre. Puis, c’est au tour de Ritz de lancer au but, suite à un gros travail du duo Perret-Leclerc. La France est mieux dans son match et fait reculer son adversaire. Hardy, de son côté, fait le travail et ne laisse aucun rebond.
Après un petit ralentissement, la France fait le break sur un exploit individuel. La défense bleue peine à sortir le palet de son camp pendant un moment, mais envoie finalement dans la neutre Stéphane Da Costa. Le capitaine contrôle un palet bondissant et accélère. Il transperce la défense et se présente seul devant le gardien. Duel gagné, et Kulbakov est chassé (2-0).

La France a senti l’odeur du sang et attaque la cage désormais gardée par Karnaukhov. Texier traîne autour du slot et contraint Vorobei à la faute. Le jeu de puissance français obtient rapidement deux chances – une de Fleury, une de son capitaine – et met la pression. Le reste de l’avantage est moins convaincant, cependant.
La fin de tiers est moins maîtrisée. Les Français se font quelques frayeurs devant leur propre but et le palet finit par sortir de l’enclave dans la confusion. A trente secondes de la fin, Texier est sanctionné pour une obstruction douteuse sur le gardien (photo). La Biélorussie capitalise. Engagement gagné, Vorobei décale Razvadovski qui lance. Le tir est contré. Pavlovich récupère et fusille Hardy (2-1). Un but malheureux en fin de tiers, après vingt minutes prometteuses de l’équipe de France.

Lampérier, enfin !
La reprise voit la Biélorussie pousser. Chaque palet est un combat, la France luttant pied à pied dans les bandes et cherchant les contre-attaques. Sur l’une d’elles, Claireaux déborde et centre vers Lampérier. Le disque file à côté. La Biélorussie compte l’essentiel des tirs cependant, et Hardy reste intraitable. Il ne laisse aucun rebond devant Platt sur un 2-contre-1.
La France reprend des couleurs et se montre plus incisive. Rech une première fois, puis Fleury de l’aile – Rech est trop court sur le rebond. Fleury, intenable, insiste et Karnaukhov sort la plaque de justesse sur une percée en solitaire.
Gavrus touchant Auvitu au visage, le jeu de puissance français entre en piste, avec une volée de Fleury au cercle gauche. Une erreur permet cependant à Razvadovski de filer au but : Hardy gagne son duel. Les Tricolores répondent en fin d’avantage numérique avec un tir de Texier et un rebond de Treille, sortis par Karnaukhov.
La Biélorussie est à deux doigts d’égaliser lorsque Sharangovich reprend un rebond mi-hauteur. Le palet finit le long du poteau… Peu après, les Bleus récupèrent et explosent en contre. Texier déborde, repique dans l’axe et provoque une faute de Denisov. Auvitu tente sa chance de la bleue, sans réussite, pour le seul essai des joueurs de Dave Henderson.
Faute de convertir, les Français s’exposent et Hardy doit encore sortir quelques parades délicates. Finalement, ils parviennent à reprendre deux buts d’avance à toute vitesse. Texier démarre, tourne autour de la défense et trouve Hecquefeuille. Le défenseur déniche Claireaux collé au deuxième poteau pour une belle reprise. Karnaukhov sauve, mais le palet traîne dans ses jambes. Loïc Lampérier le pousse au fond des filets : son premier but aux championnats du monde après trente matchs ! (3-1).
La France finit le tiers comme le premier : une pénalité, cette fois contre Fleury pour une charge. Mais cette fois, Razvadovski commet une crosse haute sur Chakiachvili et est sanctionné de quatre minutes de pénalité.
Les Bleus déroulent

Dès la reprise, Stéphane Da Costa se promène dans la défense et obtient une faute de Sharangovich. Auvitu manque de peu le quatrième but après la sortie de Hardy, avant que le jeu de puissance ne s’installe. Il passe vite à cinq contre trois, pour 1’18. Le jeu de puissance reste trop lent, pas assez précis. Dans ces cas-là, le capitaine prend les choses en main : Stéphane Da Costa envoie une mine en tête de cercle, déviée légèrement par Manavian (4-1).
La France respire mieux. Elle ne convertit pas le reste de l’avantage numérique, mais en reçoit un autre peu après pour une faute de Falkovski. Encore une fois, l’équipe spéciale ne donne pas grand chose, Auvitu manquant le cadre, tout comme Manavian en déviation. À cinq contre cinq, c’est bien mieux. Douay, qui n’avait jusque là pas joué, pousse la défense à la faute avec un excellent échec-avant. Le palet est récupéré plein axe par Perret, délicatement déposé en retrait sur Guttig qui fait mouche (5-1). Premier but de Guttig au Mondial depuis 2012 – son deuxième seulement ! Temps mort biélorusse…
La France déroule. Rech déborde et slalome au milieu de trois joueurs, mais manque le cadre. Manavian enchaîne avec un tir bloqué par le gardien. À dix minutes de la fin, Texier se rend coupable d’une obstruction. Hardy ne lâche rien et maîtrise les poussives tentatives adverses. La défense cantonne le jeu vers l’extérieur, mais, au retour de Texier, Claireaux le suit au cachot. Les Bleus dégagent un cafouillage dans le slot, et envoient Perret et Rotz en contre : tir non cadré. Hardy fait le travail derrière, avec aplomb. Kisly, seul devant lui, troue son épaule et n’en revient pas…
Alors que Fleury est puni pour crosse haute, la Biélorussie ne profite pas de 32 secondes de double supériorité. Il reste une minute à tuer, et le troisième essai de Vorobei est enfin au fond, dévié en route par un patin (5-2).
Il reste quatre minutes et la France reste sous contrôle. Sharangovich puni pour une obstruction sur Hardy, l’occasion de reprendre la main revient. Il ne reste qu’une seconde de supériorité lorsque Perret vient bonifier le rebond du tir de Leclerc (6-2). Après un ultime lancer de Chakiachvili, la France peut lever les bras : une victoire précieuse, solidaire et convaincante.
Désignés joueurs du match : Stéphane Da Costa (France) et Aleksandr Pavlovich (Biélorussie)
Commentaires d’après-match :
Loïc Lampérier (attaquant de la France) : « Je suis content de ce but, surtout parce qu’il y avait 2-1 et que cela nous redonne deux buts d’avance en fin de tiers. Hier nous avions mal commencé et c’était compliqué après. Si on voulait rebondir, il fallait retrouver ces valeurs de solidarité, de combativité et aller tous dans le même sens. On l’a fait ce soir. On doit continuer à jouer solide défensivement et exploiter les failles de l’adversaire. Ce soir, ça s’est bien passé, il faut continuer. »
Anthony Guttig (attaquant de la France) : « C’est sympa de marquer, surtout à ce niveau. C’est d’autant plus plaisant dans un match comme cela. Le Mondial est compliqué, le maintien sera dur. Donc mettre trois points sécurisés, c’est une bonne chose. Que ce soit 1-0, 3-1 ou 6-2, c’est trois points… Nous sommes satisfaits, nous avons bien bataillé dans les balustrades, sorti le palet en chiffonnier et porté le jeu en zone offensive. »
Stéphane Da Costa (attaquant de la France) : « Hier c’était difficile contre une grosse équipe et ce n’était pas forcément le match le plus important. On peut chatouiller ce type d’équipe si on est au complet, mais tout doit tomber de notre côté. Hier, ce n’était pas le cas, avec des buts gags en plus. Ce soir, on a montré qu’on l’avait vite oublié. Nous avons joué 60 minutes correctes. Même à 2-1 avec la pression, nous avons trouvé le moyen de marquer le troisième. Et au troisième tiers, nous n’avons pas reculé et ça, j’ai bien aimé. Quand une quatrième ligne marque, c’est toujours bien, c’est souvent décisif en playoffs. Cela va nous aider dans les matchs importants. Le C ? Cela ne change pas grand chose, je parlais déjà beaucoup dans le vestiaire, sur la glace, je donnais des conseils… Là, cela ne m’a pas mis de pression supplémentaire, je n’ai pas à parler plus. »
Dave Henderson (entraîneur de la France) : « Une victoire collective. Les 25 joueurs ont appliqué ce qu’on demandait. Nous avons été plus disciplinés, plus sous contrôle, plus combatifs dans les duels et nous avons eu de la réussite offensive. Si une seule ligne marque, cela peut se fermer et être difficile. Là, c’est une bonne indication. La première ligne a bien fonctionné, mais les trois autres lignes ont marqué. On aura besoin de ce scoring secondaire. Florian Hardy a été très bon, il a fait trois-quatre bons arrêts au début qui nous ont peut-être mis en confiance. L’équipe a joué un bon match d’équipe. La Suède ? on les a vu jouer oui (rires). C’est du top niveau. Ce sera une autre façon de faire. Ne rien lâcher, être sérieux et appliqué comme ce soir. On aura besoin des 25 et on verra qui jouera selon les éventuels bobos. Claireaux jouait en première ligne hier car il y avait été bon en préparation avec Stéphane Da Costa et Damien Fleury. Ce soir, on a voulu injecter de la vitesse avec Anthony Rech et ça a été profitable. Claireaux a apporté du physique sur la ligne de Texier, qui a été très bonne – mais tous les blocs ont bien joué. Texier ? Oui, il provoque les autres équipes, met en difficulté les défenses, il crée des des ouvertures. Et il n’a même pas 19 ans. Il aurait fait le Mondial l’an dernier à 17 ans sans sa blessure. Il y a pas mal de jeunes et ça me plaît, cet avenir, si on continue comme ça. Cela prouve que notre formation fait du bon travail, on le voit avec les U20 et les U18 ces dernières années – les U18 étaient en élite cette saison. C’est toute la fédération qui est récompensée, la victoire de 25 joueurs, du staff et de la formation. »
Geoff Platt (attaquant de la Biélorussie) : « Déception. On se fait dominer par une équipe de notre calibre. Sur ce genre de match, on devrait au moins faire jeu égal, et on a été malmenés ce soir. On revient à 2-1, mais on se prend une mauvaise pénalité, on est à 3 contre 5 et le match est plié. De ce qu’on a vu de la situation, des équipes dans le groupe sont largement supérieures à nous. Dans l’équipe, étonnamment, l’ambiance est bonne, elle va probablement être un peu moins bonne ce soir après le match d’aujourd’hui. Mais bon, elle est meilleure que dans le passé. »
France – Biélorussie 6-2 (2-1, 1-0, 3-1)
Samedi 5 mai 2018, 16h15. Royal Arena de Copenhague. 6529 spectateurs.
Arbitrage de Olivier Gouin (CAN) et Mark Lemelin (AUT) assistés de Nicolas Fluri (SUI) et Sakari Suominen (FIN)
Pénalités : France 10′ (2′, 2′, 6′), Biélorussie 16′ (2′, 8′, 6′)
Tirs : France 30 (6, 16, 8), Biélorussie 40 (14, 11, 15)
Récapitulatif du score
1-0 à 03’33 : Fleury assisté de S. Da Costa et Rech
2-0 à 13’33 : S. Da Costa assisté de Janil
2-1 à 19’36 : Pavlovich assisté de Razvadovski et Vorobei (sup. num.)
3-1 à 38’42 : Lampérier assisté de Claireaux et Hecquefeuille
4-1 à 42’17 : Manavian assisté de S. Da Costa et Fleury (double sup. num.)
5-1 à 47’57 : Guttig assisté de Perret
5-2 à 54’46 : Vorobei assisté de Platt et Korobov (sup. num.)
6-2 à 57’56 : Perret assisté de Leclerc et Hecquefeuille (sup. num.)
France
Attaquants
Anthony Rech (+2) – Stéphane Da Costa (C, +2) – Damien Fleury (A, 4′,+ 2)
Sacha Treille – Anthony Guttig (+1) – Teddy Da Costa
Loïc Lampérier (+1) – Alexandre Texier (4′, +1) – Valentin Claireaux (2′, +1)
Guillaume Leclerc – Nicolas Ritz – Jordann Perret (+1)
Floran Douay (+1)
Défenseurs
Yohann Auvitu – Antonin Manavian
Florian Chakiachvili (+2) – Kevin Hecquefeuille (A, +2)
Hugo Gallet (+2) – Jonathan Janil (+2)
Damien Raux
Gardiens
Florian Hardy
Remplaçant : Ronan Quemener (G). Réservistes : Sebastian Ylönen (G), Thomas Thiry (D), Maurin Bouvet (A)
Belarus
Attaquants
Aleksandr Pavlovich (C) – Yegor Sharangovich (4′, -2) – Charles Linglet
Artur Gavrus (2′, -1) – Yevgeni Kovyrshin (-1) – Geoff Platt
Sergei Drozd (-1) – Aleksandr Kitarov (A, -1) – Artyom Demkov (-1)
Maksim Sushko – Artyom Kisly – Pavel Razvadovski (4′, -1)
Artyom Levsha
Défenseurs
Yevgeni Lisovets (-1) – Kristian Khenkel (-1)
Dmitri Korobov (A, -1) – Stepan Falkovski (2′, -1)
Vladimir Denisov (2′, -2) – Pavel Vorobei (2′, -2)
Roman Dyukov
Gardiens
Ivan Kulbakov puis Mikhail Karnaukhov à 13’33
Réservistes : Vitali Trus (G), Nikita Ustinenko (D), Aleksandr Materukhin (A)









































